Les liaisons entretenues au travail sont protégées par l’intimité de la vie privée

actualité juridique
Publié le 10 juillet 2025
Par le Pôle Édition

Dans un arrêt du 4 juin 2025, la Cour de cassation rappelle qu’une relation amoureuse entre une salariée et son employeur relève de l’intimité de la vie privée et ne peut, en principe, justifier un licenciement disciplinaire.

Dans cette affaire, une salariée avait été licenciée pour faute grave à l’initiative de la directrice générale, épouse de l’employeur, après la découverte de la liaison qu’elle entretenait avec ce dernier. Contestant son licenciement, la salariée soutenait que celui-ci ne reposait pas sur des manquements professionnels, mais uniquement sur sa relation intime avec son employeur. Elle invoquait ainsi une violation du droit au respect de la vie privée.

Les juges du fond ont relevé l’absence de preuves concernant les manquements professionnels reprochés à la salariée, et ont reconnu une atteinte à sa vie privée. Cependant, ces derniers se sont limités à considérer que le licenciement était privé de cause réelle et sérieuse, sans aller jusqu’à en prononcer la nullité.

Constatant que la véritable cause du licenciement était la découverte de la liaison par l’épouse de l’employeur, et non un comportement fautif lié à l’exécution du contrat, la Cour de cassation opte pour la nullité du licenciement. Le droit au respect de l’intimité de la vie privée constitue, en effet, une liberté fondamentale (CESDH, art. 8, c. civ. art. 9) qui doit être respectée dans l’entreprise, à peine de nullité.

Cet arrêt illustre, une fois de plus, la protection renforcée de l’intimité dans la sphère professionnelle. La Cour opère, depuis quelques temps, une distinction importante entre la vie privée, dont certains éléments peuvent être pris en compte par l’employeur lorsqu’ils interfèrent avec l’entreprise, et l’intimité de la vie privée, qui bénéficie d’une protection absolue.

Ces articles peuvent vous intéresser

270 Ko
10 juillet 2025
Licenciement : décision implicite de l’employeur

Un employeur qui décide de licencier un salarié à l’issue d’un entretien préalable doit lui notifier sa décision par lettre...

Lire la suite
118 Ko
10 juillet 2025
Rupture conventionnelle : que se passe-t-il si l’employeur découvre une faute grave après l’homologation ?

Dans un arrêt du 25 juin 2025, la Cour de cassation admet que l’employeur, suite à l’homologation d’une rupture conventionnelle,...

Lire la suite
221 Ko
10 juillet 2025
Risques psychosociaux et grossesse : que risque une salariée qui refuse une mutation proposée par l’employeur ?

Dans un arrêt du 27 mai 2025, la Cour de cassation a précisé que l’obligation de santé et sécurité incombant...

Lire la suite